Un pneu un clou une baignoire Un vélo sans les roues une armoire Un rat velu et ventru Se trémousse avec délice Sur les formes blanches et nues D'une poupée chauve au corps lisse Une espadrille orpheline Echouée sur une casserole Pleure le pied d'une héroïne Indifférente et frivole
C'est l'heure où les camions verts Vident leurs entrailles, repus Sur les talus qui digèrent Tout ce qu'on n'voulait plus
Et le soleil dégringole Sur le cim'tière des choses Et dans la boue molle Il y a des roses Des roses Sur le cim'tière des choses Avec des tiges en métal Et de la rouille sur les pétales
Un ballon de cuir crevé Meurt Loin des fiévreux coups d'pied Des footballeurs Sur un mat'las éventré Qui veille aux quatre vents S'étirent les orties volées Aux coeurs blessés des amants
Et là-bas deux chats miauleurs Planqué au fond d'un frigo A l'abri des corbeaux tueurs Qui volent tout là-haut
Et le soleil dégringole Sur le cim'tière des choses Et dans la boue molle Il y a des roses Des roses Sur le cim'tière des choses Avec des tiges en métal Et de la rouille sur les pétales
Un fauteuil triste et bancal Des bouteilles en plastique un évier La nuit qui tombe une étoile Et au loin l'horizon désolé