Quand j'étais écolier, souvent j'allais traîner Mon enfance fragile Au musée de l'Armée où je pouvais rêver Tout seul et bien tranquille Des canons en retraite, par leurs gueules rouillées, Me parlaient de conquêtes, de leurs voix enrouées Le passé prenait forme dans ma tête d'enfant Et tous les uniformes semblaient se mettre en rang
Je quittais le présent pour aller vivre au temps De l'héroïque Histoire Sur le sol déchiré, les morts et les blessés Gisaient couverts de gloire Et, docile, chaque fois par les rues de la ville Je rêvais de gloire Mes idées changeaient vite et j'étais tour à tour Colonel, grenadier, mousquetaire ou tambour Je chérissais la Reine et je servais le Roi J'étais blessé en Prusse ou vainqueur des Anglois
Quand j'étais écolier, souvent j'allais traîner Mon enfance fragile Au musée de l'Armée où je pouvais rêver Tout seul et bien tranquille Etendards et bannières me disaient tristement "Nous étions beaux naguère quand nous flottions au vent" Loin de ces aventures, vouées à l'inaction Les armes et les armures trouvaient le temps bien long
J'avais le sentiment qu'une ombre gentiment Sortie de ma mémoire Venait guider mes pas, prenant bien soin de moi Parce que j'aimais l'Histoire Et, docile, chaque soir Par les rues de la ville, me ramenait chez moi
Quand j'étais écolier, souvent j'allais traîner Mon enfance fragile Au musée de l'Armée {x3}