Debout, les damnés de la terre Debout, les forçats de la faim La raison tonne en son cratère, C'est l'éruption de la faim. Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout, debout Le monde va changer de base, Nous ne sommes rien, soyons tout.
C'est la lutte finale ; Groupons nous et demain L'Internationnale Sera le genre humain.
Il n'est pas de sauveurs suprêmes Ni Dieu, ni César, ni Tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes Décrétons le salut commun. Pour que le voleur rende gorge, Pour tirer l'esprit du cachot, Soufflons nous-même notre force, Battons du fer tant qu'il est chaud.
L'Etat comprime et la Loi triche, L'impôt saigne le malheureux ; Nul devoir ne s'impose au riche ; Le droit du pauvre est un mot creux C'est assez languir en tutelle, L'Egalité veut d'autres lois ; " Pas de droits sans devoirs, dit-elle Egaux pas de devoirs sans droits ".
Hideux dans leur apothéose, Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail ? Dans les coffres-forts de la banque Ce qu'il a crée s'est fondu, En décrétant qu'on le lui rende, Le peuple ne veut que son dû.
Les rois nous saoûlaient de fumée, Paix entre nous, guerre aux Tyrans Appliquons la grève aux armées, Crosse en l'air et rompons les rangs ! S'ils s'obstinent ces cannibales A faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balles Sont pour nos propres généraux.
Ouvriers, paysans, nous sommes Le grand parti des travailleurs, La terre n'appartient qu'aux hommes, L'oisif ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent ! Mais si les corbeaux, les vautours, Un de ces matins disparaissent, Le soleil brillera toujours.