Beauté, ma solitude a côtoyé la tienne, Mais l'hermétisme épais n'a point offert de faille. Nous avons cru mêler nos âmes et nos entrailles A jamais, défiant l'érosion quotidienne.
Je te regardais vivre à travers la paroi De verre de mon autisme, et étais apaisé Par ta voix. ô ma reine, tu m'as couronné roi. Notre royaume fut ce nous idéalisé.
Nos corps se sont mêlés de frissons hasardeux. Nous nous imaginions, heureux, ne plus faire qu'un. Mais deux corps emboîtés ne sont jamais que deux ; De moyen de fusion, il n'en existe aucun.
Quant aux esprits, ils courent après la délivrance, Cherchant à se rejoindre à l'acmé du plaisir. " Petite mort " ne donne de l'autre que l'absence. L'individu s'éteint ; rien n'est plus à saisir.
Les amants apaisés sont parés du costume De leur peau. entre eux deux, apollon, en vainqueur, Se tient droit. ils s'embrassent, emportés d'amertume, Cultivant l'illusion qui s'acharne en leurs cœurs.
Mais la séparation est une déchirure. Aux cris de solitude, le silence fait écho. En l'être abandonné se dessine la fêlure, Chant macabre teinté de craquements cervicaux.
Il me faut, solitaire, poursuivre le voyage. Hélas, mis en abîme, j'ai mal de subsister. La barque sombre, elle coule, n'ayant pour équipage, Qu'un enfant qui ne peut pas même se supporter.