On s'en souvient certains matins A l'heure de la première chanson De ce copain Jacques machin Dont on ne sait plus ni le nom Ni en quel lieu pour quelle raison On s'est un jour donné la main Ni a quel feu, par quelle chanson On a trompé la même faim Ni à quel jeu à quel mouron On a nourri le même serin On s'en souvient certains matins A l'heure de la première trahison De ce copain Jacques machin Dont on ne sait plus ni le nom Ni sur quel banc de quel jardin On a perdu notre latin Ni pour quelle fleur pour quel jupon En étant même venus aux mains On a craché dans un juron La même dent le même chagrin On s'en souvient certains matins A l'heure de la première prison De ce copain Jacques machin Dont on ne sait plus ni le nom Ni a quelle vigne à quel raisin On a volé le même grain Ni a quelle santé de païen On a tiré le même vin Ni à quel nom de quel bottin On a botté le même train On s'en souviendra un matin A l'heure de la dernière oraison De ce copain Jacques machin Dont on ne sait plus rien sinon Qu'il était brun qu'il était blond Et bien peu tête de cochon Qu'on a vécu tout de son long Sans jamais savoir dire non Qu'il a vécu et pour de bon Sans autre nom que son prénom.