J'crois bien notaire, qu'il faut t'asseoir maintenant J'crois bien notaire, que j'veux faire mon testament
Je lègue à ma première femme A celle qui n'a rien compris Et qui a passé par les armes Ma virginité de conscrit A celle que je voulais faire Maréchale de mes logis Et qui ne valait pas plus cher Qu'un adjudant de compagnie A celle qui fut la culasse De tous les fusils du quartier Je lègue mon cœur de bidasse Et le morpion de l'amitié
J'crois bien notaire, qu'il faut t'asseoir maintenant J'crois bien notaire, que j'veux faire mon testament
Je lègue à ma seconde femme Celle qui n'a pas attendu Pour faire usage de ses charmes Dans les bras du premier venu Que j'ai le coeur un peu moins tendre Pour lui foutre mon pied au cul Ce qui est beau pour la vertu Comme on le dit dans nos campagnes En souvenir de cette larme Que j'ai versée à son insu Je lègue à ma seconde femme Mon petit chapeau de cocu
J'crois bien notaire, qu'il faut t'asseoir maintenant J'crois bien notaire, que j'veux faire mon testament
Je lègue à ma dernière femme Celle qui n'a jamais rien dit Quand je rentrais chez elle en larmes D'avoir trop bu, d'avoir trop ri A celle qui m'ouvrait son âme En ouvrant les draps de mon lit Celle qui fut ma Notre-Dame Ma Mer du Nord et mon Midi A celle qui fut mon chemin Entre le vice et la vertu Je lègue mon dernier refrain Lorsque mes yeux se seront tus
J'crois bien notaire, qu'il faut te lever maintenant J'veux boire un verre, à la santé de "Maman"