Le jour ouvre un œil froid un arbre écheveléEmerge de la brume en ébrouant ses branchesLes trottoirs de Paris rechaussent leurs souliersOn rêve encore un peu d'une aube toute blancheLes gares grises s'ouvrent aux regards exilésDis-moi l'adresse du bonheurJe sors les yeux gonflés d'un rêve éblouissantSur la rumeur du monde à peine je surnageJ'étais dans les nuées je descends je descendsUn transistor me crache une bordée d'oragesDans mon regard se noient des millions de passantsDis-moi l'adresse du bonheurJ'aimerais me saouler d'une goulée d'air purDroit sous des palmeraies que le soleil parfumeBoire loin de Paris l'alcool de l'aventureLà-bas dans l'or du sable et l'argent de l'écumeLà-bas tellement loin qu'on dirait le futurDis-moi l'adresse du bonheurJe marche malgré l'ordre et le poids du travailEt je vis midi sonne aux clochers des usinesHors des chemins battus je cherche mon bercailL'enfant-fraternité dans les rues sans vitrinesCourt tout illuminé d'un rire de corailDis-moi l'adresse du bonheurEnfantDis-moi l'adresse du bonheur