Tout ce que l'homme fut de grand et de sublimeSa protestation ses chants et ses hérosAu-dessus de ce corps et contre ses bourreauxA Grenade aujourd'hui surgit devant le crimeEt cette bouche absente et Lorca qui s'est tuEmplissant tout à coup l'univers de silenceContre les violents tourne la violenceDieu le fracas que fait un poète qu'on tueUn jour pourtant, un jour viendra couleur d'orangeUn jour de palme, un jour de feuillages au frontUn jour d'épaule nue où les gens s'aimerontUn jour comme un oiseau sur la plus haute brancheAh je désespérais de mes frères sauvagesJe voyais, je voyais l'avenir à genouxLa Bête triomphante et la pierre sur nousEt le feu des soldats porte sur nos rivagesQuoi toujours ce serait par atroce marchéUn partage incessant que se font de la terreEntre eux ces assassins que craignent les panthèresEt dont tremble un poignard quand leur main l'a touchéUn jour pourtant, un jour viendra couleur d'orangeUn jour de palme, un jour de feuillages au frontUn jour d'épaule nue où les gens s'aimerontUn jour comme un oiseau sur la plus haute brancheQuoi toujours ce serait la guerre, la querelleDes manières de rois et des fronts prosternésEt l'enfant de la femme inutilement néLes blés déchiquetés toujours des sauterellesQuoi les bagnes toujours et la chair sous la roueLe massacre toujours justifié d'idolesAux cadavres jetés ce manteau de parolesLe bâillon pour la bouche et pour la main le clouUn jour pourtant, un jour viendra couleur d'orangeUn jour de palme, un jour de feuillages au frontUn jour d'épaule nue où les gens s'aimerontUn jour comme un oiseau sur la plus haute branche