Paris sous Paris Paris sous la pluie Trempé comme une soupe Saoul comme une barrique
Notre-Dame est vierge Même si elle est à tout l'monde Et malgré son penchant Pour les cierges
A l'heure où les gargouilles baillent Le bossu du parvis S'en va pisser sa nuit Dans les gogues du diable Alors bavent les gargouilles Sur les premières grenouilles S'entend de bénitier Bien plus bêtes que leur pied Qui ne fut jamais pris Oh pas de mauvais plis Dans leur lit refroidi Tombeau des vieilles filles Cachot de la vertu Pourtant pas d'ciel en vue Surtout pas de septième Pour ces corps en carême Au cœur empaillé Au cul embastillé A l'abri des bascules Et à leur grand dam Qui est tout minuscule Ne connaîtront jamais ni la grâce ni les Grasses matinées
Cependant que Paris
Paris sous Paris Paris, Paris saoul En dessous de tout Dessaoule par d'ssus les ponts Que la Seine est jolie Ne seraient ces moribonds Qui déshonorent son lit Mais qu'elle traîne par le fond Inhumant dans l'oubli Une saine tuerie C'est, paraît-il, légal Les ordres sont les ordres c'est Paris qui régale Braves policières hordes De coups et de sang ivres Qui eurent carte et nuit blanches Pour leur apprendre à vivre A ces rats d'souche pas franche Qu'un sang impur et noir Abreuve nos caniveaux Et on leur fit la peau Avant d'perdre la mémoire
Des pandores enragés Aux fenêtres consentantes et, en passant soit dit Qui ne dit mot acquiesce, Durent pourtant résonner De la chaussée sanglante Jusque dans les Aurès Leurs cris ensevelis Sous la froide chaux-vive D'une pire indifférence Accompagnée de "Vivent les boules Quiès et la France !"
Croassez chères grenouilles Que l'histoire ne chatouille Pas toujours au bon endroit Ô bon peuple françois Dort sur tes deux oreilles Mais je n'jurerai pas, Loin s'en faut aujourd'hui, Que l'histoire ne s'enraye Sous le ciel de Paris