Frissonnant dans mon manteau je dors encore debout Mes valises déjà à la main. Malgré tout le café, les yeux pas en face des trous, J'essaie de me faire au lendemain. Je revois la nuit passée comme à travers un voile épais Et son nom me revient. Puis quelqu'un me crie "Allez, il est grand temps" et je m'en vais Mes valises toujours à la main.
Une journée nouvelle, une page blanche à remplir. Quelque train m'emmène quelque part. Vers d'autres villes, d'autres espoirs, d'autres souvenirs, Vers une rencontre de hasard. Sans les jamais, sans les toujours, une rencontre à temps perdu, Sans hier, sans lendemain. Et dans quelques heures je repartirai vers l'inconnu Mes valises toujours à la main.
C'est toujours un retour et un départ en même temps. Sans reproche, sans malentendu. Sans regrets, sans chagrins, sans être surpris en pensant Adieu en disant bienvenue. Car les déceptions seront vite oubliées dans la poussière. Sur les bords des chemins Et il est bien trop tard pour regarder encore en arrière, Les valises déjà à la main.
Demain, avant que ne vienne l'aube, je m'en irai, Que je le veuille ou non, En gardant un souvenir amer. Je ne sais Si c'est grâce ou bien malédiction De devoir s'arracher pour rechercher une destinée Que jamais on n'atteint. Peut-être est-ce ma soif de liberté qui me fait errer Les valises toujours à la main ?