J'aurais voulu, ce soir, t'apporter quelques fleurs Que je serais allé cueillir au fond des bois, Que je serais allé cueillir rien que pour toi. J'y ai couru tantôt, mais toutes elles se meurent,
Car les bois sont coupés Pour en faire du papier.
J'aurais voulu ce soir te prendre par la main, T'emmener jusque vers le ruisseau, dans les champs. Le ruisseau de chez nous ne court plus comme avant, Les grenouilles sont mortes et la roue du moulin
Ne chante plus ici, La rivière est tarie.
Nous aurions pu, ce soir, tous deux, dans l'herbe tendre, Nous coucher, nous aimer, nous endormir aussi. Les herbages ont pourri, et les vertes prairies Sont couvertes de boue, de débris et de cendres,
Depuis qu'on a monté Cette usine, à côté.
Nous aurions pu, ce soir, regarder les étoiles, Voir la lune monter au-dessus des jardins. Nous aurions pu marcher jusqu'au petit matin, Attendre la rosée, et l'aurore et ses voiles,