Il était de ces gens qu'on ne remarque guère Il était de ces gens dont on ne parle pas Qui traversent l'histoire ou nourrissent les guerres Selon le temps qu'il fait et la chance qu'on a Je revois quand je veux ses yeux bleus de tendresse Ses mains qu'il essuyait contre son tablier Tous ses gestes au fond n'étaient que des caresses La bonne odeur du bois embaumait l'atelier
Il aimait les rires Il aimait les chansons aussi Gardons un peu de vin pour lui
Il parlait le français plutôt à sa manière Les soirs de Nouvel-an il prenait son violon C'est lui qui m'a appris que les hommes sont frères Lui qui savait si peu des autres horizons Et j'ai le souvenir de ce jour où sévère Il sortit un journal et des photos jaunies Et montrant des enfants dans un camp en Bavière Il dit "N'oublie jamais ce que font les fusils!"
Il aimait les rires Il aimait les chansons aussi Gardons un peu de vin pour lui
Souvent il s'en allait saluer la montagne Saluer les oiseaux et ceux qui sont passés Bien sûr il se moquait de l'argent que l'on gagne Je crois qu'il était fier en m'entendant chanter Il fit couler des larmes sur les joues de ma mère Et j'en suis bien certain pour la première fois Lorsque l'on mit sur lui quelques poignées de terre Un sale jour d'hiver et de vent et de froid
Il aimait les rires Il aimait les chansons aussi Gardons un peu de vin pour lui
Il aimait les rires Il aimait les chansons aussi Gardons un peu de vin pour lui