Le fils du tapissier s'appelle Jean-Baptiste Et il a décidé de devenir artiste Au lieu d'être patron de quelques apprentis Il sera simplement valet de comédie Avec quelques copains commence l'aventure Et tant pis si les planches des tréteaux sont durs On a le ventre vide et on a le coeur plein C'est toujours comme ça qu'on devient comédien Il a choisi son nom de guerre Molière
Mais ça peut coûter cher de faire des pirouettes Ça mène quelques fois à la prison pour dettes Il en sort il s'enfuit direction le midi C'est la vie de tourner tragédies comédies Un jour entre deux scènes il se met à écrire Et voilà qu'on le joue ils se mettent à rire Quand le rideau se lève un soir sur l'étourdi Le public est heureux le public applaudi Et ils le saluent jusqu'à terre Molière
C'est alors que monsieur frère du roi s'en mêle Et revoilà Paris comme la vie est belle Alceste et Harpagon Scapin et ses amis Ont la faveur des grands et l'amour des petits Si du côté jardin on respire la gloire On a du côté cour les peines et les déboires Car il y a Tartuffe Armande est trop jolie Cette mauvaise toux qui réveille la nuit Et ce malade imaginaire Molière
Un soir de février on a mis en cachette En terre non bénie la pauvre marionnette Mais Alceste est monté vers les cintres étoilés Où d'être comédien on est la liberté Ce fauteuil d'immortel que notre Académie Lui avait refusé pour cause de génie Cela fait trois cents ans qu'au théâtre français On le garde pourtant mais depuis lors jamais Personne ne posa son derrière Molière Sur ton fauteuil tricentenaire Molière