Avec sa casquette et sa petite sacoche au dos Ah, mon Dieu, ah, mon Dieu, ah, qu'il était beau ! Sifflant à tue-tête, il s'en allait au boulot Qu'il fasse froid, qu'il fasse chaud, sur son beau vélo
Le petit télégraphiste Comme ses amis les moineaux Avait une âme d'artiste Une voix de ténorino Un petit cœur d'artichaut
Il filait comme une flèche Et rien ne pouvait l'arrêter Car lorsqu'on a des dépêches Il faut surtout se dépêcher
Et du matin au soir Pour se faire des pourboires On le voyait monter Et redescendre les escaliers
Le petit télégraphiste Tel un envoyé du destin Arrivait à l'improviste Son petit papier à la main
Une petite soubrette, certain jour, vint lui ouvrir Ah, mon Dieu, ah, mon Dieu, avec quel sourire ! De jolies fossettes et des yeux à en mourir Il eut froid, il eut chaud, mais ce qui fut pire
Le petit télégraphiste En la voyant devint muet Avec une âme d'artiste Quand l'amour vous apparaît Ça vous fait un drôle d'effet Pour lui témoigner sa flamme Il aurait bien voulu rester Mais y avait les télégrammes Qui, eux, sont toujours très pressés
Alors, quand vint le soir Avec tous ses pourboires Il acheta des fleurs Qu'il lui offrit avec son cœur
Pas besoin d'être prophète La suite, vous la devinez La jolie petite soubrette Elle aussi se mit à l'aimer
Le petit télégraphiste, Pour elle, voulut se faire un nom Et dans les milieux cyclistes Il partit sans faire de bruit Il devint un grand champion
Dans les rues, dans les écoles On se racontait ses exploits Partout il était l'idole Mais lui ne s'en faisait pas pour ça
Et un jour de succès Alors qu'on l'acclamait A sa petite soubrette Il murmura, baissant la tête "Dans mon cœur, toi seule existes Tout ce que j'ai fait, c'est pour toi Ton petit télégraphiste Veut passer une bague à ton doigt Veut passer une bague à ton doigt"