Je baisais, quand j'avais vingt ans, Dans tous les ports, dans toutes les villes De Bornéo jusqu'à Lorient. Dehors, dedans, à domicile, Je baisais inlassablement. J'étais marin, toujours content De naviguer fort à l'aise, De tirer sur le cabestan, Jamais contrarié du gros temps, Pourvu qu'en arrivant, je baise. Je ne fréquentais les bordels Que par pure délicatesse Car je plaisais aux demoiselles Mais il faut penser à toutes celles Qui n'ont pour manger que leur fesses. J'en ai connu une bien gentille, Une belle coquine qui besognait. Elle m'enveloppait dans ses chevilles, Entre ses lèvres et ses poignets. On se rendait bien la monnaie. C'était une saine brunette, Or la mignonne profita Que j'avais un chat dans la gorge Pour butiner mon sucre d'orge. Le diabète ne l'inquiétait pas. La garce, elle a été perverse. Je l'encourageais en tout cas Car ces pratiques étaient diverses Et la belle était folle de joie Quand sa menotte avait six doigts. Elle survolait toute ma couche. Son rose petit con charmant Venait se poser sur ma bouche. On aurait dit un oiseau mouche Ou un papillon insouciant Et je bandais en soulevant Le drap mouillé de fusées fraîches, Changeant d'hôtel et de caresse Et en traversant ma jeunesse Au gré des filles, au gré du vent. Ainsi parlait un marseillais, Un vieux marin de la joliette Qui attirait encore les jupons Car nombreuses étaient les fillettes Qui lui tiraient sur le pompon. Il dit : " J'ai le cœur plein de gaieté, Bien que je ne baise plus guère. A quatre-vingt balais, peuchère, Je me dis, putain, bonne mère, Que j'ai bien fait d'en profiter. A quatre-vingt balais, peuchère, Je me dis, putain, bonne mère, Que j'ai bien fait d'en profiter.