Ceux que l’on met au monde Ne nous appartiennent pas C'est ce que l'on nous montre Et c'est ce que l'on croit Ils ont une vie à vivre On n'peut pas dessiner Les chemins qu'ils vont suivre Ils devront décider
C'est une belle histoire Que cette indépendance Une fois passés les boires Et la petite enfance Qu’il ne faille rien nouer Qu'on ne puisse pas défaire Que des noeuds pas serrés Des boucles, si l'on préfère
Ceux que l'on aide à naitre Ne nous appartiennent pas Ils sont ce qu'ils veulent être Qu’on en soit fier ou pas C'est ce que l'on nous dit C'est ce qui est écrit La bonne philosophie La grande psychologie...
Et voilà que tu nais Et que t'es pas normal T'es dodu, t'es parfait Le problème est mental Et voilà qu'c'est pas vrai Que tu vas faire ton chemin Car t'arrêteras jamais De n'être qu'un gamin
Tu fais tes premiers pas On se laisse émouvoir Mais les pas que tu feras Ne te mèneront nulle part Qui es-tu si t'es pas un adulte en devenir Si c'est ma jupe à moi Pour toujours qui t’attire
C'est pas c'q'on m’avait dit J'étais pas préparée T'es à moi pour la vie Le bon Dieu s’est trompé
Et y'a l’diable qui rit Dans sa barbe de feu Et puis qui me punit D'l'avoir prié un peu
Pour que tu m'appartiennes A la vie, à la mort Il t'a changé en teigne Il t'a jeté un sort
T'es mon enfant d’amour T'es mon enfant spécial Un enfant pour toujours Un cadeau des étoiles
Un enfant à jamais Un enfant anormal C'est ce que j'espérais Alors, pourquoi j'ai mal ?
J'aurais pas réussi À me détacher d'toi Le destin est gentil Tu ne t'en iras pas
T'auras pas dix-huit ans De la même façon Que ceux que le temps rend Plus homme que garçon
T'auras besoin de moi Mon éternel enfant Qui ne t'en iras pas Vivre en appartement
Ta jeunesse me suivra Jusque dans ma vieillesse Ton docteur a dit ça C'était comme un. promesse
Moi qui avais tellement peur De te voir m'échapper Voilà que ton petit coeur Me jure fidélité
Tout ma vie durant J’conserverais mes droit Mes tâches de maman Et tu m'appartiendras
Ceux que l'on met au monde Ne nous appartiennent pas C'est ce que l'on nous montre Et c'est ce que l'on croit
C'est une belle Histoire Que cette histoire-là ! Mais voilà que, surprise! Mon enfant m'appartient Tu t'fous de ce que disent Les auteurs des bouquins
T'arrives et tu m’adores Et tu me fais confiance De tout ton petit corps De toute ta différence
J’serai pas là de passage Comme les autres parents Qui font dans un mariage Le deuil de leur enfant
J'aurai le privilège De te border chaque soir Et certain jour de neige De mettre ton foulard
À l'âge où d’autres n’ont Que cette visite rare Qui vient et qui repart Par soirs de réveillon
Tu seras le bâton D'ma vieillesse précoce En même temps qu'le boulet Qui drainera mes forces
Tu ne connais que moi Et ton ami Pierrot Que j'te décris tout bas Quand tu vas faire dodo
Et tu prends pour acquis Que je serai toujours là Pour t'apprendre cette vie Que tu n'apprendras pas
Car ta vie s'est figée Mais la mienne passera J'me surprends à souhaiter Qu'tu trépasses avant moi
On n'peut pas t'admirer Autant que je t’admire Moi qui ai la fierté De t’voir m’appartenir
J’voudrais pas qu’on t'insulte Et qu'on s'adresse à toi Comme un pauvre adulte Parce qu'on t’connaîtrait pas
Si le diable s’arrange Pour que tu me survives Que Dieu me change en ange Que je puisse te suivre !
Ceux que l'on aide à naître Ne nous appartiennent pas À moins d'aider à naître Un enfant comme toi
C'est une belle histoire Que celle qui est la nôtre Pourtant, je donnerais ma vie Pour qu'tu sois comme les autres !