A Ménilmontant derrière un comptoir Il y avait une petit rouquine aux sourcils noirs Ses cheveux bouclés racontaient des histoires Que tous restaient figés à écouter jusqu'au soir Mais elle, elle ne disait rien Pas même merci ou à demain De sa bouche grande comme un ravin Où on se jetterait pour y mourir Une bouche où prétendait certains On y avait même vu un sourire Né de cet homme poussant la porte Et qui commandait d'une voix forte
J'ai soif de la vie Qu'on m'en apporte
Et il partait dans de grands éclats de rire Qui pour la serveuse étaient comme des navires Transportant les rêves qu'elle n'avait jamais eus Vers un soleil qu'elle n'aurait jamais cru
Et il est resté là jusqu'au soir A raconter de drôles d'histoires De pays inconnus et nouveaux Juste à trois stations de métro Un grand boulevard bazar de l'espoir Où les amours se trament et se désirent Sans qu'il n'y ait même plus rien à dire Et pour sûr qu'un jour on y défilera Hurlait-il en s'aidant des bras Et il recommandait d'une voix forte
J'ai soif de la vie Qu'on m'en apporte Que dans son goulot Elle me transporte
Elle aurait pu l'écouter des nuits entières En oublier de laver ses verres Abandonner le bar à ses clients Et avec lui s'enfuir éperdument Mais quand c'est à elle qu'il a parlé C'était pour dire ma petite dame combien que ça fait Alors elle a dit c'est pour la maison Et dans le bistrot ça a fait sensation Alors il est parti comme il était venu Arraché par la rue
Et depuis elle ne pense qu'à lui Sous le regard des autres Et depuis elle ne pense qu'à lui Et dans son coeur le manque se vautre Chaque jour elle entend tout bas Ce petit refrain qui cogne à sa porte J'ai soif de la vie Qu'on m'en apporte Que dans un grand tourbillon Elle me transporte