On ne sent plus le plancher Vibrer, comme autrefois, Quand les poids lourds passaient sur la chaussée, Ils sont partis ailleurs. Les perforatrices ont rangé Leur bruit de métal dur et froid, Le bitume a déjà été crevé Par cette pluie qui pleure. Ma ville est un jardin...
L'hélicoptère de la Sûreté, Qui criait au dessus des toits, Il y a longtemps qu'il est posé, rouillé, Très loin d'ici, parmi les fleurs. Finalement les retombées N'auront pas fait trop de dégâts, Et je crois bien que dans quelques années Sera fini le grand danger. Ma ville est un jardin...
Au bout d'une branche glacée Une feuille, comme un doigt, Comme une pensée timide, a poussé, Tout comme un cri du coeur. Les chiens, les rats, se sont calmés, Les cris des mourants se sont tus, Et je pourrai bientôt me promener Au long des rues, sans peur. Ma ville est un jardin...
Il y a longtemps qu'on n'a pas vu Passer un Boeing dans le soir, Et les oiseaux ne sont pas revenus, Allez savoir pourquoi? Les armatures des buildings Sont comme des arbres tordus J'ai cru apercevoir une voisine Dans une cave, là-bas. Ma ville est un jardin...
Il faudra qu'une de ces nuits Je me glisse dans sa rue, Que j'aille jusque vers elle, sans bruit, Que je la tue, bien sûr... Ma ville est un jardin... Ma ville est un jardin...
Compositor: Paroles Et Musique: Michel Bühler. Arrangement: Michel Devy