Petit bonhomme, où t'en vas-tu, Courant ainsi sur tes pieds nus? Je cours après le paradis, Car c'est Noël à ce qu'on dit.
Le Noël de la rue, C'est la neige et le vent Et le vent de la rue Fait pleurer les enfants; La lumière et la joie Sont derrière les vitrines: Ni pour toi, ni pour moi, C'est pour notre voisine.
Mon petit, amuse-toi bien En regardant, en regardant, Mais surtout ne touche à rien En regardant de loin.
Le Noël de la rue, C'est le froid de l'hiver Dans les yeux grands ouverts Des enfants de la rue.
Volant aux butors leurs museaux Tous les petits font le gros dos; Ils sont blottis comme des Jésus Que Sainte Marie aurait perdus.
Le Noël de la rue, C'est la neige et le vent Et le vent de la rue Fait pleurer les enfants; Ils s'en vont reniflant, Ils s'en vont les mains vides, Nés bohèmes et cherchant Une étoile splendide.
Mon petit, si tu la vois Tout en marchant, tout en marchant, Offres-y tes petits doigts, Tout en marchant bien droit.
Le Noël de la rue, C'est au ciel de leurs vies Une étoile endormie Qui n'est pas descendue.